La Horde du Contrevent de Alain Damasio

Résumé :

Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d’un même feu l’aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d’un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d’un pinceau, d’une caméra ou d’une arme… Chef-d’œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire.

L’auteur :

Alain Damasio est né à Lyon en 1969. Il écrit peu, par exigence. Lorsque son frigo est vide, il réalise des études socio-économiques pour pouvoir de nouveau écrire. Ses lectures de Deleuze et de Nitzsche nourrissent son engagement. Son premier roman est La Zone du Dehors, paru en 1997 chez Cylibris et réédité par La Volte, oeuvre de science-fiction engagée.

Editions : Folio SF
Année de publication : 2004
Année d’éditions : 2013
Nombre de pages : 700
Mon avis :

La Horde du Contrevent, c’est d’abord un choix dans la liste du Baby Challenge Livraddict Contemporain 2013. Un choix effectué grâce à sa note très élevée et ses nombreux avis favorables.

La Horde du Contrevent, c’est un livre à part, pas comme les autres, avec une mise en page particulière. Au moment de l’acheter, je suis allée demander au vendeur si c’était normal que les pages soient numérotées en ordre inversé. « C’est quoi votre roman ? Ah oui, c’est normal, ça va avec l’histoire » suivi d’un clin d’oeil. Je garde quand même le ticket de caisse car je découvre que des caractères (parenthèses, virgules..) se promènent dans le roman avec des bribes de texte.

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Mais non, ce n’est pas une erreur d’édition.

L’ordre des pages symbolisent le départ de la Horde de l’aval (page 700) jusqu’à l’amont (page 0). On y trouve également d’autres symboles en début de chaque paragraphe (Ω, π, Δ…) qui symbolisent le membre de la horde qui est le narrateur. C’est une lecture à 23 voix mais avec le marque page (offert) qui associe les différents symboles aux noms et fonctions des hordiers, il est plus rapide de se souvenir qui est qui. Au final, il y a des personnages qui narrent plus que d’autres : Sov, Caracole, Pietro, Oroshi, Aoi, Golgoth…

La horde adopte différentes formations pour contrer le vent, pour ne pas s’envoler, s’effriter ou mourir. Voici un exemple où on voit les 23 membres :

J’ai été un peu perdue au départ par les nombreux termes techniques décrivant le vent par sa vitesse, son coefficient de variation (accélération ou décélération) et sa variable de fluctuation ou turbulence. Mais les explications arrivent à chaque fois, même si parfois il faut attendre jusqu’à la fin du livre. Dans le périple, les hordiers vont affronter différentes formes du vent. Elles sont au nombre de 9 mais seules 6 sont connues au départ : la zéfirine, le slamino, la stèche, le choon, le blizzard et le furvent.

Une notion abordée dans le roman qui donne à réfléchir et qui est très poétique est « le vif ». Comment se représente le vif dans une personne ? Quel est le sens profond du vivant ? C’est un terme employé régulièrement dont on cherche sa définition tout au long du livre. « Le vif, la pelote de vent qui nous tisse. »

Le passage à Alticcio (une étape du périple) est formidable au niveau du style d’écriture. Pour pouvoir continuer leur voyage, Caracole le troubadour doit participer à un combat de mots. Le combat se décompose en différentes parties. Première épreuve, utilisation de la figure de style du palindrôme, un texte dont l’ordre des lettres peut être lu de la gauche vers la droite et de la droite vers la gauche.

« L’âme sûre ruse mal. », « Le sert-on ici, notre sel ? », « Eh, ça va la vache ? » 

Deuxième jeu : la seule voyelle autorisée est le « O ».

« Vos donjons, lord, font rococos : fjords trop profonds, loch, port, plots, pontons : bof… » 

Et pour finir le capizzano, où la syllabe « car » doit revenir régulièrement.

« C’est le carnet du carnage
La rupture du cartilage
Escarres du coeur
La tête au carré
Je te tranche la carotide
S’un seul mot :
Couic ! »

Ce livre est assez difficile à expliquer. Je pense que le mieux est de le lire et de s’en faire sa propre idée. Je n’ai jamais lu un livre de ce style. C’est une tout autre vision de la lecture. Cet univers m’a énormément plus. Mais il y avait certaines longueurs qui m’ont fait arrêter ma lecture pendant un mois. Les textes méritent parfois une deuxième lecture pour être bien compris et j’avais l’impression de ne pas avancer. Mais l’histoire est tellement incroyable qu’il me fallait la finir. Heureusement que j’ai repris (j’étais arrêtée quasiment à la moitié du livre) car la suite est passée très vite.

Pour créer les décors, je me suis inspirée du jeu vidéo Fable III. Je me représentais très bien ce monde traversé par le vent, imaginant cette étendue de désert entre chaque village, ces lacs, ces montagnes.. Les habitants de cette planète se sont adaptés au vent. Ils utilisent des éoliennes pour en faire de l’énergie et construisent leurs maisons méthodiquement pour ne pas le subir.

la horde du contrevent dessin

La Horde du Contrevent est en cours d’adaptation cinématographique en images de synthèse The Windwalkers. Il devrait sortir en salle en 2015. Voici les premières images :

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Une bande originale du livre existe, La Horde du Contrevent crée par Arno Alyvan avec les textes d’Alain Damasio. Je l’ai écouté deux fois, une au début du roman et une autre après l’avoir terminé J’ai pu redécouvrir de nombreux passages de l’histoire et grâce à la musique les revivre car elle permet d’intensifier les sensations. La chanson Pluie en est un parfait exemple. De plus, j’ai eu un petit coup de coeur pour la chanson de Caracole, la Décaracolisation.

La chute de fin est vertigineuse (c’est le cas de le dire) et extrêmement habile. Elle m’a beaucoup plu.

Ma note : 9/10

 
 

19 réflexions sur “La Horde du Contrevent de Alain Damasio

  1. Pauline dit :

    J'ai offert ce livre sur les conseils avisés de la détentrice des clefs de l'intrigue et je dois dire que ce livre n'a pas duré très longtemps, je n'en entends que du bien, tant sur le style de l'écrivain que sur l'histoire. Des que j'ai fini ma série de livres, je m'y mets! Alors tout simplement, merci 😉

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  2. Anonyme dit :

    On peut dire, écrire beaucoup sur ce livre. Je vais devoir le relire pour me remettre de ma plus grosse déception : la fin est tellement / évidemment prévisible !
    Ne lisez surtout pas le quatrième de couverture car avec un minimum de jugeotte vous allez très vitre comprendre où ce périple va mener la horde.
    De plus, pourquoi partir contre le vent et se taper tout le tour de la planète alors que partir avec le vent…
    Je cite :
    « Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. »
    « Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont. »

    Bande au centre de la planète, Extrême-Aval, Extrême-Amont, numérotation inversée des pages du livre, hop hop on réfléchit et…

    Tout cela, pour moi, sépare cet excellent roman du chef d'oeuvre.

    MAIS, je vais le relire car le style…

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  3. Anonyme dit :

    La fin, la fin, la fin… Non mais sérieux!!! Bien sur qu'elle est évidente! Numérotation des pages, et puis c'est un classique en littérature de commencer là ou tout fini, parfois c'est une scène parfois un endroit, bref pour des lecteurs avertis cela n'a rien de surprenant, insister sur la fin…

    Mais comme d'habitude les gens ne comprennent rien, la fin ne compte pas! Comme dans la vie c'est le voyage qui compte!
    J'ai envie de vous traiter d'idiots, de vous agonir d'insultes, sur combien de forums et autres les gens parlent de cette fin, la critiquent…
    Elle est PARFAITE !!! Voilà c'est dit !

    Enfin un livre Français, qui sort du lot, même un livre tout court qui sort du lot !!!
    La Horde a tout changé pour moi, ma façon de lire, ma recherche littéraire, j'adule ce livre et exècre son auteur… Jamais, j'en ai bien peur, je ne ferais de voyage aussi extraordinaire, aussi bouleversant…
    Allez, allez, allez contrer avec la horde! J'ai laissé là bas une partie de mon vif, avec eux…

    Je prie pour que vous ressentiez la même chose, et plains les cœurs mourants, de ceux qui ne peuvent être touchés par cette merveille qu'est La Horde Du Contrevent

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  4. Clé dit :

    Merci pour ton commentaire, rempli de vérité et de vif !
    J'approuve totalement. C'est le voyage qui compte et je n'ai pas cherché à savoir comment allait finir ce roman pendant ma lecture. Je me suis juste laissée porter par le vent jusqu'à l'Extrême-Amont..

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  5. Anonyme dit :

    La fin n'est pas « prévisible » : elle est clairement annoncée dès le passage de la tour d'Ær à Alticcio. C'est d'ailleurs tragique, le lecteur comprend, mais voit tristement les personnages foncer vers la dernière page du livre, sans qu'eux ne comprennent ce qui les attend…

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