Aphrodite et vieilles dentelles de K.B. Holmqvist

aphrodite-et-veilles-dentellesRésumé :

« SUCER LES BISCOTTES ÉTAIT DÉLICIEUX ET PROCURAIT D’AGRÉABLES TITILLATIONS. »

Tilda et Elida Svensson, 79 et 72 ans, célibataires, mènent une vie à la routine paisible. Elles font des confitures, vont à l’église et se couchent chaque soir exactement à la même heure. Pas de commodités à l’intérieur de leur maison vétusté : les toilettes sont au fond du jardin, l’eau est à tirer au puits. Tout change à l’arrivée d’un nouveau voisin, Alvar Klemens, ou plutôt de son chat : le félin est pris de frénésie sexuelle en mangeant une des plantes d’Alvar, que celui-ci entretient avec un engrais curieux.

Et si elles tenaient avec ce produit l’occasion de s’offrir enfin des W.C. dignes de ce nom ? La révolution est décidée : les deux dames montent un business clandestin d’élixir aphrodisiaque…

L’auteur :

Karin Brunk Holmqvist est l’une des auteurs les plus populaires de Suède. Personnalité atypique, elle a exercé de nombreuses professions, d’employée en maison d’arrêt à femme politique et mannequin pour bikinis. Elle a publié 10 romans, vendus à plus de 1 million d’exemplaires et traduits dans 5 langues.

Editions : Mirobole éditions
Année de publication : 2016
Nombre de pages : 251

Mon avis :

J’ai l’habitude de conseiller des livres à mon grand-père. Mais cette fois-ci c’est lui qui m’a conseillé ce roman suédois. Il était tellement émerveillé qu’il ne m’a même pas proposé de le lire, il l’a mis directement dans mon sac en me disant « lis-le ». Contrainte et forcée, je ne pouvais le décevoir ! =) C’est ainsi que j’ai découvert le petit monde des soeurs Svensson.

Vous êtes assis sur votre canapé, dans votre lit ou dans le train. Vous ouvrez ce livre au nom intriguant. Il est 7h10 du matin dans la cuisine de Tilda et Elida. Vous faites un petit tour du propriétaire. La maison est vieille. Assez vieille pour ne pas avoir l’eau courante et avoir les toilettes au fond du jardin. Cette maison est pleine de souvenirs et a vu naitre nos deux grand-mères de 72 et 79 ans. Enfin « grand-mères » n’est pas le bon terme. Les deux dames sont des célibataires endurcies et n’ont jamais vraiment rencontré d’hommes (à part le fils du voisin avec qui un baiser a été échangé dans une grange il y a bien longtemps). Elles ont ainsi appris à se satisfaire toutes seules mais attention, le sujet est tabou ! Elles sont tout de même les filles du forgeron Svensson qui leur a enseigné la piété, l’humilité et la modestie.

Depuis toutes ces années absolument rien n’a changé dans la maison, ce qui désole leur frère qui aimerait bien en faire une maison de vacances.

Mais voici qu’un beau jour, la maison vide du voisin semble être à nouveau habitée. Alvar Klemens vient de racheter la maison et les soeurs paniquent à l’idée de ne plus pouvoir aller puiser de l’eau au puit qui est dans le jardin du voisin !

Cette première rencontre entre les trois protagonistes va chambouler le quotidien des soeurs qui vont avoir un nouveau projet : avoir de l’eau courante et également des WC à l’intérieur de la maison (avec une protection de lunette en moumoute rose moelleuse).

Extrait : « – Tu as vu ? Le gros matou noir de Molin est dans les fleurs d’Alvar, s’alarma Tilda.

– Et il mange de la terre, ajouta Elida.

Elle se rappela alors la scène à laquelle elle avait assisté plus tôt et raconta à Tilda qu’Alvar avait mis quelque chose dans ses fleurs.

– C’est sans doute de l’engrais. Je me disais bien que ce n’était pas naturel.

Elles se turent soudain. Le chat n’avait-il pas un comportement étrange depuis qu’il avait mangé dans le pot ? Il se plaquait contre la pompe, se frottait contre le bord, faisait le dos rond et feulait comme un lynx.

– Il doit être vraiment malade, avança Tilda et, au même moment, le chat bondit dans l’herbe, se mit à se gratter, puis aperçu Majsan, la chatte d’Erlandsson.

La minette n’eut pas le temps de réagir que l’imposant matou se jeta sur elle, et ce qu’il fit embarrassa tant les demoiselles Svensson qu’elles en eurent le feu jusqu’aux racines des cheveux. Pour autant, elles ne détachèrent pas un instant les yeux du spectacle charnel. Une fois le matou parti, Majsan resta dans l’herbe, abasourdie, comme si elle n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui s’était produit. Puis elle se faufila dans la haie d’un pas certain, alors la porte d’Alvar s’ouvrit et le témoin de Jéhovah en émergea. »

Ce qui rend ces vieilles dames attachantes se sont leur accroche à leurs valeurs. Elles se sont toujours interdites de faire des choses que leurs parents n’auraient pas approuver alors qu’elles ont plus de 70 ans ! Avec toujours beaucoup d’hésitation et de réflexion, elles avancent à petit pas dans leur projet et parviennent à sortir de leur zone de confort.

Avec un humour à la sauce suédoise, ce roman m’a rappelé le style du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson. C’est un peu moins loufoque mais il y a une part attendrissante avec ces vieilles filles qui découvrent à 70 ans qu’elles ne sont plus obligées de vivre avec les fantômes de leurs parents. On retrouve également la délicatesse de Barbara Constantine (Et puis Paulette…) lorsque Tilda se permet de s’admirer dans sa nouvelle robe devant le miroir.

Petite anecdote : j’ai fait l’erreur de laisser poser le livre sur mon bureau au travail. Un collègue m’a ainsi regardé avec l’oeil aguicheur « Alors comme ça tu lis Aphrodite et vieilles dentelles » ? Ahah oups. J’ai voulu caché la couverture en retournant le livre lorsqu’il a lu « Sucer les biscottes était délicieux et procurait d’agréables titillations ». Fou rire. J’ai gentiment rangé le livre dans mon sac.

Ma note : 7/10

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