Les gens heureux lisent et boivent du café de Agnès Martin-Lugand

Vous vous êtes déjà trompés de degré d’interprétation en lisant un livre ? Je vais vous donner un exemple. Lorsque j’avais 11 ans, je suis allée au cinéma pour la première fois sans mes parents. Avec mes amis nous sommes allés voir Scary Movie 2. Sauf que je n’avais jamais vu de films d’horreur de ma vie, et encore moins de parodie de film d’horreur dont je ne connaissais même pas le principe ! Résultat, j’ai regardé tout le film au premier degré en pensant regarder un film d’horreur. Terrifiée, j’ai passé la séance sous une pile de manteaux en me bouchant les oreilles. Bref vous avez compris l’idée.

En commençant « Les Gens », sa couverture en noir et blanc et son titre me laissait penser à un roman doux, tendre, mélancolique, plein de poésie. Sauf que j’ai fait une mauvaise interprétation et j’ai donné plus de profondeur qu’il n’en fallait.

Un début sordide. Diane, une jeune femme d’une trentaine d’années perd mari et enfant. Elle sombre dans la dépression ne sortant plus de chez elle, vivant dans sa crasse, l’alcool et les clopes. Sa seule visite est son ami gay et associé au travail, Félix. Ensemble ils ont ouvert une librairie/café dans le Marais (Paris) intitulé Les Gens Heureux Lisent et Boivent du Café. Qu’ils appelent entre eux, Les Gens.

A l’anniversaire de la première année de leur mort, Diane décide de planifier sa mort, ne souhaitant plus continuer cette vie sans eux. Elle décide de partir en Irlande où son mari Colin rêvait de les emmener en vacances. Elle y loue un petit cottage à un couple de retraités. Mais elle va doucement changer ses plans lorsqu’elle rencontre le voisin mystérieux du cottage d’à côté. Et là commence un gros décalage avec le début du livre.

La rencontre avec Edward est brutale. Alors qu’ils se rencontrent pour la toute première fois, Edward est d’une arrogance et d’un irrespect injustifiable. On a pour seul indice qu’il n’est pas content d’avoir une nouvelle voisine. Sa réaction n’a pas de sens, personne ne réagirait comme ça dans la vie. Pour continuer, dans le décalage et le manque de cohérence, Diane dit partir en Irlande pour mettre fin à ses jours. Cependant au soir du Nouvel An, elle décide de le célébrer au pub avec la soeur d’Edward vêtue de sa petite robe noire et de ses escarpins. Oui mais, qui met dans sa valise, pour un voyage final vers la mort, une petite robe noire et des escarpins?.. Non-sens. A moins qu’il s’agissait de la tenue qu’elle voulait porter pour ses propres funérailles.

La relation entre Diane et Edward est basé sur du « Je t’aime, moi non plus ». Edward contrôle complètement la vie de Diane et surveille ses moindres faits et gestes. Il la dénigre, puis s’occupe d’elle, puis l’abondonne plusieurs jours, revient la protéger, prend des décisions pour elle, lui fait des rémontrances, il l’aime, il ne l’aime pas. Bref une relation toxique au possible. Il n’y a pas de quoi romantiser ce genre de schéma. On se croirait dans 50 Shades of Grey sans les scènes hot.

Mais arrive un nouveau personnage tout autant toxique, Megan, l’ex petite-amie d’Edward. Encore une fois, une incohérence dans le personnage. Elle ne connait pas Diane mais elle décide qu’elle devient son ennemie numéro un et on a affaire à une chamaillerie d’adolescentes pré-pubères à savoir de laquelle le garçon mystérieux tombera amoureux.

Bref je ne m’éterniserai pas sur cette chronique. Ce livre était pour moi un équivalent des téléfilms de Noël. Je me suis faite complètement avoir par la couverture. Un livre de gare pour passer le temps.

Pour ma part, je continuerai de lire et boire du café avec d’autres romans.

Les gens heureux lisent et boivent du café, de Agnès Martin-Lugand, éditions Pocket, 192 pages, 7€.

Laisser un commentaire