Toutes les histoires d’amour du monde de Baptiste Beaulieu

Je voudrais que la personne qui lit ces lignes et a cette chance infinie d’avoir encore son grand-père, sa grand-mère, l’appelle et lui dise : « Raconte-moi maintenant ce que tu n’as jamais dit. Après, il sera trop tard. »

L’histoire se répartie sur trois générations d’hommes, Moïse le grand-père, Denis le père et Jean le fils et narrateur. A la mort du grand-père, le père de Jean découvre dans le grenier des lettres adressées à une femme inconnue pendant plus d’une quarantaine d’année. Une par an et toujours à la même date, le 3 avril.

Pour le père, c’est un choc de découvrir la vie cachée de cet homme, au point qu’il en fait un malaise cardiaque lorsqu’il en parle à son fils. La relation étant brisée entre le père et le fils, ils souhaitent finalement tous les deux faire un pas vers l’autre grâce à Moïse et ses lettres. Le père demande à son fils de retracer l’histoire de son grand-père et d’aller sur les lieux où il a vécu. Sauf qu’une fois sur place, dans les Ardennes, tout ce qui datait de l’époque de Moïse, que ce soit les bâtiments ou les gens, a disparu. 

A la manière du film Good Bye Lenin, Jean va alors modifier la réalité afin de ne pas provoquer de trop grandes émotions à son père qui se remet doucement de son malaise. Il va reprendre des témoignages d’inconnus rencontrés pendant son voyage pour les faire parler en tant que petit-enfant ou arrière-petit-enfant des personnes évoquées dans les lettres du grand-père. Il leur demande de parler de leur vie mais surtout de raconter une histoire d’amour. Et pas uniquement l’amour entre deux amants ou le désir, mais l’amour universel. L’amour entre un parent et son enfant, l’amitié, ou encore l’acte gratuit envers un inconnu.

Dans l’Antiquité, les Grecs usaient de quatre termes différents pour désigner ce qu’on regroupe aujourd’hui sous le même mot « amour ».
Quatre termes, comme autant de façons de définir quatre sentiments distincts.
Il y avait l’Eros, la Philia, l’Agapè et la Storgê.
La légende raconte qu’il existait un cinquième terme, une cinquième manière d’aimer, mais que les Hommes, jaloux et cupides, finirent par l’oublier faute de l’utiliser.

La narration se décompose en deux époques distinctes. Celle des lettres de Moïse, qu’il a écrit des années 60 jusqu’à sa mort, relatent de sa vie de 1910 jusqu’à 1945 globalement et l’époque d’aujourd’hui où Jean se rend en pèlerinage sur les lieux où a vécu son grand-père. Ces différentes époques m’ont un peu troublée au départ et ne m’ont pas permise de me plonger pleinement dans ma lecture. Mais au bout d’un bon tiers j’ai commencé à m’intéresser de plus en plus à l’histoire de Moïse et surtout à me questionner sur cette fameuse Anne-Lise Schmidt à qui il adresse ses lettres. L’histoire de Moïse pendant la guerre était pour moi plus intéressante que l’histoire de Jean et les faux témoignages d’histoires d’amour, qui n’apportaient pas grand chose à l’histoire. Le roman aurait pu se limiter aux lettres de Moïse à Anne-Lise.

Jusqu’à présent, tout ce que vous avez lu au dessus a été rédigé alors que je n’avais pas terminé le roman. Mais voilà qu’un soir, je me lançais sans le savoir dans ma dernière session lecture. J’ai alors dévoré les 150 pages qui restaient en 2h. Au 2/3, le passé rattrape le présent et provoque une réunion spatio-temporelle émouvante. Le rythme s’accélère, le suspens est plus intense, la sensation de découvrir le mystère d’Anne-Lise maintient en haleine, l’écriture paraît fluide d’un coup.

Le narrateur s’appelant Jean, j’ai complètement retiré de ma tête qu’il pouvait s’agit d’une histoire vraie. Pourtant il y avait quelques similitudes avec l’auteur, comme le fait qu’il soit médecin. Mais après vérification, l’histoire est bien réelle ! Il s’agit bien de l’histoire du grand-père de l’auteur, incroyable ! Il a modifié quelque peu les lettres afin qu’elles adhèrent à un schéma narratif et pour maintenir le suspens évidemment.

Le livre est sorti en 2018 et jusqu’à présent Anne-Lise n’a pas encore été retrouvée. Un message avait alors été publié sur le blog de Baptise Beaulieu Alors voilà, qui apparait à la fin du roman. 

#lookingforannelise

Toutes les histoires d’amour du monde, de Baptise Beaulieu, Le livre de poche, 441 pages, 8,40€.

6 réflexions sur “Toutes les histoires d’amour du monde de Baptiste Beaulieu

    • cledelintrigue dit :

      J’avais lu tellement d’avis positifs/coup de coeur sur ce livre que j’appréhendais ma lecture. Ce n’est pas un coup de coeur pour moi mais reste une très belle histoire d’amour pendant la guerre que je recommande. Et qui donne très envie de s’intéresser aux histoires de sa propre famille !

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