Harry Potter décrypté par ses fans de Alix Houllier et Corentin Faniel

C’est Noël ! Non, vous allez vous dire la pauvre a complètement perdu la notion du temps. Je dois l’admettre, j’ai du retard dans mes chroniques et ce livre Harry Potter décrypté par ses fans m’a été offert par le copain de ma soeur à Noël. Lors du déballage du cadeau, j’ai tout de suite su que ce livre allait me plaire. Car même si cet univers a bercé mon enfance et fait toujours parti de ma vie, je ne connais très peu le milieu créé par les fans autours de Harry Potter. J’ai souvent entendu parler des fanfictions, des nouvelles écrites par des fans inspirés de l’univers, sans jamais en lire. J’avoue être aussi curieuse de savoir s’il y a eu des dérives et surtout, si les propos douteux de J.K. Rowling ces dernières années vont être abordés.

Ce que j’ai aimé au premier abord est la forme. Le livre est écrit comme une thèse. Il s’agit d’un énorme travail de recherche. Les auteurs ont inclus toute leur bibliographie. Ils ont parcouru tout le net, les forums, les blogs, et même retrouver des archives ou des documents supprimés de la toile.

Cet ouvrage nous replonge à l’époque des sorties des romans. Quand internet arrivait tout doucement dans les foyers et l’émergence des forums de discussion en ligne. C’est par ce biais que la communauté va se créer. En partageant des dessins, des histoires alternatives, des théories. L’univers inspire, il va même y avoir des comédies musicales ! J’ai d’ailleurs commencé à regarder A Very Potter Musical qui est excellent. Evidemment, les noms étant protégés par les droits de la Warner Bros, ces comédies musicales ou romans ne peuvent être lucratifs.

L’analyse de l’univers continue avec un décryptage des meilleures (ou surprenantes) théories de fans:

  • McGonagall est une mangemort
  • Drago Malefoy est un loup-garou
  • Ron est Albus Dumbledore
  • Rogue est un vampire
  • Miss Teigne est la femme de Rusard

Une partie très longue cependant se consacre au décryptage de la saga. Comme par exemple, la saga aurait été écrit en miroir : le tome 1 miroir du tome 7, tomes 2-3 avec tomes 5-6 et le tome 4 seul. J’avoue que ces théories de symétrie ne m’ont pas transcendé. Un exemple, dans le premier tome, Harry, Ron et Hermione affronte les pièges mis en place par les professeurs pour atteindre la pierre philosophale. Mais pour y parvenir, Harry devra terminer le parcours seul. Dans le dernier tome, le trio part à la recherche des horcruxes et les détruit un à un, mais c’est Harry seul, par son sacrifice, qu’il parviendra à la fin. Dans ces deux situations, il s’agit de Harry et ses amis face au danger, mais la mission ne pourra être accompli que par Harry seul. Dans certains cas, cela fonctionne pour d’autres, c’est un peu tiré par les cheveux. Du type, ils affrontent un troll dans ce tome-ci et dans cet autre tome, ils affrontent une autre bête fantastique.

Un univers aussi lucratif que Harry Potter ne peut pas passé à côté de dérives. De sombres histoires d’évènements qui n’étaient pas ce qu’ils prétendaient être, des collectes de dons pour des projets n’aboutissant pas, ou la vente de faux produits dérivés ont touchés de nombreux fans. Si la plupart des dérives sont pécuniaires, certains profitent d’un public jeune et naïf. Des membres d’un groupe de Wizard Rock sont accusés d’attouchements sexuels sur des mineurs lors de conventions.

Enfant, je trouvais l’univers très varié en terme de représentation culturelle ou même vis-à-vis de la place de la femme. Il y a des personnes féminins forts comme Hermione ou le professeur McGonagall (ma préférée). Il y a des élèves qui viennent d’autres pays, Bulgarie et France, mais aussi au sein de Poudlard, les élèves sont de diverses ethnies. Mais ce qui va poser de gros problèmes c’est finalement le manque de culture de J.K. Rowling. Le débat le plus connu est autour du personnage de Cho Chang, la consonance de son nom sonne comme une mauvaise blague sur les chinois. Son personnage est complètement incompris dans les films, la laissant apparaitre comme une fille chuineuse après avoir perdu son petit-ami (qui est mort tout de même). De même avec les soeurs Patil, d’origine indienne. Le soir du bal, on aurait pu s’attendre à de magnifiques tenues traditionnelles, couvertes de bijoux, mais dans le film, elles se retrouvent avec un costume de mauvaise qualité, de couleurs douteuses, et surtout qui n’a rien d’une tenue traditionnelle. Certains personnages aussi sensés venir de France se retrouvent avec des noms espagnols.

Mais évidemment, la dégringolade de J.K. Rowling commence au moment où elle poste un Tweet de soutient à une personne qui a perdu son emploi suite à des propos transphobes. Suite à la vague de Tweets de lecteurs choqués par ses propos, – et oui on pensait que Harry Potter prônait le respect et la diversité-, Rowling enchaine les boulettes et continue ses propos haineux envers les personnes trans. Il semblerait que ces échanges sur la toile soient devenus son nouveau divertissement. Encore récemment, elle aurait donner des fonds pour soutenir une association ouvertement transpobe.

Il est toujours compliqué de faire la dissociation de l’oeuvre et de l’artiste, néanmoins Harry Potter appartient désormais à ses lecteurs, à ses spectateurs, à ses fans qui ont attendus des heures devant les librairies pour avoir le dernier tome, à ces jeunes français qui se sont mis à l’anglais pour ne pas avoir à attendre la traduction, à ces décrypteurs/enquêteurs qui se sont retrouvés sur les forums pour imaginer la suite de la saga, à ces personnes seules qui se sont trouvées de nouveaux amis virtuels et réels. 

J’ai appris énormément de choses sur le monde paralèlle de Harry Potter crées par ses fans. Ce fut une lecture extrêmement interessante. Très beau travail de recherche et de documentation réalisé par des passionnés.

Harry Potter décryptés par ses fans, de Alix Houllier et Corentin Faniel, éditions deboeck, 320 pages.

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