Il fallait que je vous le dise de Aude Mermilliod

Il fallait que je vous le dise - Aude Mermilliod

C’était le soir de la fête de la musique, un vendredi. J’étais très fatiguée de ma semaine de travail et malgré l’ambiance dansante dans la rue, je préférai rentrer chez moi me reposer. Je n’avais pas envie de regarder la télé ou d’être sur mon ordinateur. J’avais envie de passer la soirée seule chez moi avec de la lecture. La fenêtre ouverte sur une belle et chaude soirée de juin, je débutai la BD de Aude Mermilliod et Martin Winckler.

Il fallait que je vous le dise est l’histoire d’Aude et de son avortement. Mais c’est aussi l’histoire de Martin/Marc médecin généraliste pratiquant l’IVG. La narration débute par leur rencontre et le projet de créer une BD sur l’avortement avec les témoignages de la patiente et celui du médecin. Ce projet s’intègre dans leur engagement pour l’IVG.

Il-fallait-que-je-vous-le-dise

Les dessins d’Aude et sa narration m’ont plongé immédiatement dans son histoire. Au fur et à mesure je sentais les frissons, la peur, l’angoisse, la panique. Son discours est tellement intime que l’on s’y projette même sans l’avoir vécu.

J’ai alors eu besoin de m’apaiser. J’ai allumé une bougie parfumée et mis une musique douce. Cette lecture, c’était mon instant à moi. Je m’imprégnais dans la vie de Aude et de ses sentiments. Ce besoin de douceur était aussi une manière de calmer ces montagnes russes émotionnelles.

il-fallait-que-je-vous-le-dise_image2

Le point de vue de Marc est aussi poignant. Difficile d’imaginer lorsqu’on y a pas fait face à tous ces détails qui peuvent permettre de rendre l’avortement « moins pire » qu’il ne l’est. La douceur émanant de cet homme face à la douleur des femmes est surprenante et touchante. Il ne s’agit pas uniquement d’un acte médical. Il faut un accompagnement. Il faut leur parler, les avertir mais il faut aussi les rassurer, tenter de comprendre ce qui les a amené à faire une IVG et surtout ne pas juger.

On retrace également toute l’histoire de l’accès légal à l’IVG en France avec entre autre le magnifique discours de Simone Veil, le 26 novembre 1974 :

« Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Si j’interviens aujourd’hui à cette tribune, ministre de la Santé, femme et non parlementaire, pour proposer aux élus de la nation une profonde modification de la législation sur l’avortement, croyez bien que c’est avec un profond sentiment d’humilité devant la difficulté du problème, comme devant l’ampleur des résonances qu’il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble.

Mais c’est aussi avec la plus grande conviction que je défendrai un projet longuement réfléchi et délibéré par l’ensemble du gouvernement, un projet qui, selon les termes mêmes du président de la République, a pour objet de ‘mettre fin à une situation de désordre et d’injustice et d’apporter une solution mesurée et humaine à un des problèmes les plus difficiles de notre temps’. (…)

Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. »

Je suis sortie de cette histoire émue et instruite. Je vois ce livre comme une libération pour l’auteur. La couverture la montre nue, cheveux dans le vent. Libre, apaisée, elle-même.

Je conseille vivement.

PS : j’ai découvert Aude Mermilliod il y a plusieurs années grâce à son blog de voyage lafillevoyage.com . J’avais profité de ses conseils pour voyager seule pour préparer mon tour du monde.

 

4 réflexions sur “Il fallait que je vous le dise de Aude Mermilliod

  1. Audrey dit :

    Je ne connaissais pas, mais vu l’importance du sujet, je trouve génial que des ouvrages l’aborde d’autant que cela a l’air d’être fait avec sensibilité. Le double regard semble également apporté un grand plus au récit…

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire