Quelle satisfaction de sortir ce livre de ma PAL ! Je l’avais au moins depuis 2013 (la création du blog), il était temps !
Au Nord du Monde est un roman de science-fiction. L’action se déroule dans le Grand Nord, grosso-modo Russie-Sibérie. Le personnage principal Makepiece vit dans un monde post-apocalyptique. Inspiré des événements à Tchernobyl, il semble y avoir eu dans ce monde un ou des évènements qui a supprimé entièrement du quotidien l’accès à l’électricité et à l’eau potable, et a aussi fait disparaitre une grande partie de la population. Makepiece fait partie de la seconde génération qui a vécu ce changement de civilisation. Ses parents ont pu connaitre l’électricité, les villes, les avions alors que Makepiece n’a connu que sa ville d’Evangeline perdue au milieu du Grand Nord avec un mode de vie digne du 18e siècle. La nourriture vient des potagers, les balles de revolver sont fabriquées maison, et lorsqu’il n’y a plus de bougie pour s’éclairer, on va se coucher.
Ce que j’ai aimé et dont j’ai été surprise, c’est la chute du premier chapitre. Makepiece est shérif dans une ville sans habitant, seul humain restant. On se croirait clairement dans un western mais au fin fond de la Sibérie. Avec son gun et son cheval, Makepiece continue d’assurer la sécurité dans cette ville qui a perdu toute vie d’antan. Et là soudainement au chapitre suivant, on découvre que Makepiece est une femme. Aucune conjugaison n’a été utilisée qui aurait pu montrer qu’il s’agit d’une femme pendant un chapitre entier. J’ai trouvé le travail de traduction admirable car en anglais, les genres masculin et féminin ne sont pas utilisés ce qui la traduction française plus difficile. J’ai beaucoup aimé ce personnage féminin qui sort des clichés des femmes fragiles et romantiques qu’on peut lire partout. Makepiece est une badass qui n’a peur de rien et affronte son destin. Car son destin finalement se trouve en dehors de sa petite ville, lorsqu’elle va, pour la première fois de sa vie, voir un avion qui va lui redonner espoir qu’il y a peut-être encore de la vie quelque part.
J’ai regardé mon haleine monter dans la clarté du ciel. Jadis, les étoiles avaient un nom, chacune d’elles, jadis elles brillaient comme les lumières d’une ville familière, à présent elles devenaient chaque jour plus mystérieuses. […]
Le ciel devenait la page écrite d’une langue tombée dans l’oubli. Les choses que l’humanité avait vues et nommées pour toujours étaient rayées de l’existence.
Le récit d’aventure de Makepiece nous emmène dans un monde où le retour à la nature est une obligation. Bien que pour sa famille, il s’agissait d’un choix. Ses parents étaient des Américains qui voulaient retourner aux origines d’une vie plus simple voyant apparaitre un déclin dans la civilisation actuelle. Ils ont donc volontairement déménager dans cette ville de Russie pour vivre sans eau et électricité comme les premiers pionniers américains créant de nouvelles villes. Il n’est pas dit clairement ce qui a pu provoquer la diminution radicale de la population mais au fur et mesure du périple, on va découvrir des sols contaminés et radioactifs, des villes abandonnées, et des expériences chimiques mystérieuses.
Cette histoire remet en perspective le monde dans lequel nous vivons et quel est son avenir. Le livre publié en 2010 a eu un second écho lors du tsunami à Fukishima en 2011, qui endommagea une station nucléaire et remis en question l’utilisation des sources radioactives. L’auteur Marcel Theroux, également journaliste et reporter, a écrit ce livre après avoir passé plusieurs mois en Russie, Tchétchénie et Ukraine où il a rencontré des personnes ayant décidé de retourner vivre sur les terres de leurs aïeux, dans les zones contaminées.
D’autres livres aux ambiances du Grand Nord :
– Into the Wild de Jon Krakauer
– Buveurs de vent de Franck Bouysse
Au Nord du Monde, de Marcel Theroux, éditions 10-18, 347 pages.
Clé de l'intrigue 